Du 18 au 21 novembre 2025, le Grdr et ses partenaires ont accueilli une vingtaine d’agriculteurs et chercheurs venus d’Afrique du Sud, du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, de Libye, de France, d’Italie et des Pays-Bas. Ils ont ainsi pu découvrir les activités du « Laboratoire Vivant » de PK17 et visiter des parcelles pour échanger sur les méthodes agroécologiques développées dans le cadre du projet NATAE* et les solutions mises en place pour écouler cette production.
Ces visites étaient organisées autour de trois thèmes majeurs : la gestion de l’eau en milieu périurbain, la lutte naturelle contre les maladies et ravageurs, et les circuits courts de commercialisation.
À Dar Naim et PK17, quartiers de Nouakchott, les agriculteurs font face à d’importantes difficultés d’accès à l’eau. À Dar Naim, la salinité de la nappe les oblige à diluer l’eau pompée avec de l’eau potable achetée à la Société Nationale de l’Eau (SNDE), solution coûteuse et peu fiable en raison des pénuries fréquentes qui limite fortement leur capacité de planification.
A PK17, la situation est un peu différente. La présence de la station de filtration de la SNDE est un atout : environ 1 000 litres d’eau provenant du nettoyage des filtres sont redistribués chaque jour entre les agriculteurs. Néanmoins cette quantité reste insuffisante par rapport à leurs besoins et certains sont obligés de pomper l’eau de la nappe phréatique qui se trouve à moins de 2m de profondeur, et d’irriguer manuellement leurs parcelles.
La visite de la station cette station de filtration au PK17 a permis de comprendre comment l’eau pompée du Fleuve Sénégal arrive jusque-là, mais aussi comment l’eau utilisée pour le nettoyage de filtres est répartie entre les agriculteurs.
Dans les communes de Rosso et de Tékane, région du Trarza, les agriculteurs ont développé des techniques agroécologiques efficaces pour protéger leurs cultures. Ils fabriquent localement des biopesticides à partir de Neem, de calotropis, d’Aloé Vera, de piments etc… qu’ils associent avec des biofertilisants tels le bostol (un mélange de fumier, de matière végétale, du lait, de l’eau) et le biol (un mélange de fumier, de légumineuses, de levure, du cendre, d’eau). Chaque préparation est adaptée à un ravageur spécifique, avec une alternance des recettes pour éviter les résistances. Des associations de plantes (oignon, basilic, etc.) et la rotation des cultures complètent ces stratégies naturelles qui sont bien appréciées par les agriculteurs.
La rencontre avec le Maire de Riyadh a permis aux participants d’échanger sur le projet pilote d’approvisionnement des cantines scolaires en légumes par les producteurs de PK17. Ce dispositif, accompagné par le Grdr, mis en place dès l’année scolaire 2025-2026, permettra à environ 2 000 élèves d’accéder à une alimentation saine et diversifiée. Il offrira également aux agriculteurs locaux un débouché en circuit court, favorisant la production agroécologique et la création d’emplois.
*Cette mission a été organisée dans le cadre du projet NATAE financé par l’Union européenne dans le cadre du programme Horizon Europe visant à favoriser la transition agroécologique en Afrique du Nord. Rassemblant un consortium multidisciplinaire et multi-acteurs (institutions de recherche et d’éducation, organisations internationales et ONG locales) du pourtour méditerranéen. Le projet NATAE a pour objectif d’identifier les combinaisons optimales de pratiques agroécologiques et de développer une méthodologie reproductible pour concevoir des stratégies adaptées au niveau local pour les transitions agroécologiques…