Le Partenariat Institutions Citoyens pour la Recherche et l’Innovation (PICRI) associe le Grdr et le laboratoire CRESPPA-LabTop (CNRS) durant trois ans : 2016-2019
L’objectif de la recherche est d’interroger la notion de citoyenneté au prisme des pratiques des populations migrantes et/ou issues de l’immigration.
La citoyenneté est une notion aujourd’hui utilisée abondamment par les pouvoirs publics comme objet même d’action publique : de conseils de quartiers en consultations citoyennes, les pouvoirs publics ont recours à la « citoyenneté  » dans le cadre de dispositifs destinés à rendre la démocratie plus « participative  ». Alors que le désaveu concernant la démocratie représentative se fait des plus grands, que l’Etat d’urgence permet la mise en place d’une police essentiellement répressive, que les habitant.e.s des quartiers populaires sont stigmatisé.e.s dans un discours islamophobe porté par les responsables politiques, la définition de la « citoyenneté  » devient enjeu politique. Mise au-devant de la scène politicienne comme catégorie d’action publique, elle devient de fait une catégorie de classement de la population à partir du moment o๠il existe un modèle de « bonne citoyenneté  ». Les efforts vains de faire « participer  » les citoyen.ne.s témoignent ainsi d’un écart entre pratiques effectives des individus, et pratiques citoyennes attendues par les pouvoirs publics. Là o๠les politiques regrettent que les citoyen.ne.s ne participent pas assez à la vie politique qu’ils considèrent comme telle, il s’agit d’observer la réalité des pratiques citoyennes à l’œuvre dans les quartiers populaires.
En effet, être citoyen.ne pour l’Etat repose essentiellement sur l’exercice de droits et de devoirs définis par la loi et fait alors l’objet d’un apprentissage, notamment par l’école républicaine. Cette citoyenneté juridique repose de fait sur l’appartenance nationale et ce processus d’inclusion dans une communauté nationale va de pair avec la production de populations « non-citoyennes  ». On pense ici aux femmes avant 1944, et encore aujourd’hui aux étranger.e.s qui n’ont pas le droit de vote. Dans ce processus d’inclusion/exclusion, la citoyenneté des immigré.e.s et de leurs descendant.e.s tient une place spécifique et questionne les tensions à l’œuvre dans la construction d’une citoyenneté d’État. Car au-delà des droits et devoirs auxquels donne accès l’appartenance nationale, au-delà des dispositifs visant l’encouragement de la « participation politique  », les espaces d’engagement des populations immigrées (mais aussi des non immigré.e.s) peuvent ne pas se réduire au territoire national ou ne pas s’exercer à l’échelle des collectivités locales.
Il s’agit alors de comprendre en quelle mesure des individus peuvent exercer des engagements dans des espaces distincts et selon des logiques d’appartenance variables, selon leurs parcours individuels mais aussi les contextes et positions sociales qu’illes occupent. Ainsi, au-delà d’une citoyenneté d’Etat (droit de vote, engagement politique institué, etc.) quels sont les types d’engagement des populations immigrées ou descendantes de l’immigration ? .
Il s’agira donc de participer à ouvrir, à partir des besoins et témoignages : – des espaces de fabrication d’une citoyenneté active par des jeunes femmes – des espaces de contestation d’un ordre social – des espaces d’interpellation
– Co-construction d’un programme de renforcement de la citoyenneté des jeunes femmes avec les concernées – Ateliers d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité mondiale – Veille bibliographique et production scientifique
– Jeunes porteurs de projets de solidarité internationale – Jeunes lycéennes – Associations de migrant.e.s et/ou de quartier
Dans le cadre de l’étude sur l’engagement associatif des jeunes filles en France : – Le Grdr a participé à 5 rencontres du réseau interdisciplinaire ALISS (Alliance Sciences et Société) et à 6 rencontres avec des responsables associatifs (Paris 18ème et Montreuil, 93) – Des entretiens individuels auprès de 70 jeunes femmes des quartiers populaires franciliens, engagées dans des associations de solidarité locale et internationale – 2 forums regroupant 100 personnes ont été organisés. L’équipe de l’étude est également intervenue dans une dizaine de colloques et séminaires scientifiques. Elle a participé à la coordination d’un numéro des Cahiers de l’Action, publié par l’INJEP sur l’engagement des jeunes.
Gaà« lle Roussigné 01.48.57.75.80 gaelle.roussigne@grdr.org