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Expérimenter l’Economie Sociale et Solidaire en Mauritanie aux côtés des associations locales

Le 10 mai 1944, était adoptée à Philadelphie la « Déclaration des buts et objectifs de l’Organisation internationale du travail », plus couramment dénommée « Déclaration de Philadelphie ». Alors que les Etats du monde se font la guerre depuis cinq ans, ce texte osait affirmer qu’« une paix durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale ». Première déclaration internationale des droits à vocation universelle, il revêt un caractère pionnier dans la mesure où il entendait faire de la justice sociale l’une des pierres angulaires de l’ordre juridique international. Affirmant que « le travail n’est pas une marchandise », il introduit la notion de « sécurité économique », qui revêt une singulière actualité aujourd’hui, dans la mesure où le « marchétotal », qui désigne un mode d’organisation fondé sur la mobilisation d’absolument toutes les ressources humaines, techniques et naturelles à des fins de profit, a conquis toutes les sphères de l’économie.

L’ESS, une nouvelle vision de l’économie

L’Economie Sociale et Solidaire (ESS) oppose à cette vision de l’économie les principes humanistes et sociaux contenus dans la Déclaration de Philadelphie, en mettant en avant l’importance du principe de solidarité, qui a été affirmé pour la première fois par l’Afrique dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples en 1981, et quifut repris par la Charte européenne des droits fondamentaux adoptée à Nice en 2000.
Ainsi, l’ESS s’applique à rompre avec les non-valeurs de l’économie orthodoxe qui, sous couvert de neutralité, fondent la primauté de la maximisation du profit sur le bien-être commun ; par là l’ESS part du postulat que l’économie n’est pas une science naturelle, mais une science morale et politique. C’est pourquoi l’on peut qualifier d’économie sociale et solidaire l’ensemble des activités de production et de distribution de biens et services qui sont fondées sur la solidarité, le partage et le fonctionnement démocratique, en plaçant l’homme au cœur du processus de création et de jouissance de la richesse.

Un principe axé sur des valeurs

Les entreprises qui affirment ces valeurs se doivent alors de respecter certaines pratiques, et notamment celles-ci :
₋ La démocratie : Toute structure doit impliquer les parties prenantes dans sa gestion et son évolution, sur la base d’ « une personne = une voix » : les salariés, les bénéficiaires, les usagers, les acteurs du territoire ;
₋ Lucrativité limitée : Le réinvestissement doit être privilégié à la thésaurisation, afin de créer du lien social, des activités et des emplois durables, plutôt que de rechercher la lucrative à tout prix, qui se ferait au détriment des personnes et du territoire ;
₋ Utilité sociale : L’organisation ne doit pas générer des activités qui soient destructrices pour l’Homme et l’environnement ; au contraire, elle doit s’attacher à développer toutes les activités qui concourent à l’épanouissement de l’Homme et de son environnement ;
₋ Ancrage territorial : Parce qu’une organisation n’est pas « hors-sol », celle-ci doit favoriser l’écosystème dans lequel elle s’inscrit, notamment en favorisant l’emploi local, et en évitant les délocalisations. De plus, l’organisation doit également promouvoir la coopération et les partenariats avec les autres acteurs du territoire, plutôt que d’entrer dans une logique de concurrence effrénée.

Promouvoir l’ESS aux côtés des associations locales en Mauritanie

Parmi ces associations, le projet JPA accompagne l’association Innov’RIM, qui forme des jeunes et enfants aux nouvelles technologies, et qui est également le premier FabLab de Mauritanie, promouvant ainsi de nouvelles formes d’organisation du travail, qui reposent essentiellement sur le développement partagé de savoirs individuels et collectifs.
Ce projet soutient également des associations pratiquant l’ESS : comme l’Association Mauritanienne de Promotion des Personnes de petite taille ou l’Association Irchad pour la Jeunesse et l’Avenir qui insèrent professionnellement des publics marginalisés – ici, respectivement des personnes en situation de handicap et des femmes divorcées – par la création de valeur économique, suite à la vente de savon local.

Enfin, l’association Je m’engage, investit dans la mise en réseau des jeunes et l’entreprenariat a profité du projet JPA pour se former à l’ESS, afin de porter un plaidoyer auprès des pouvoirs publics. Des temps d’échange ont notamment été organisés au Mali et en France avec des acteurs œuvrant dans le secteur de l’ESSpour s’inspirer des plaidoyers qui ont abouti à la promulgation d’une politique nationale de l’ESS en France en 2014, et au Mali en 2018.

Il en est ressorti une méthodologie à respecter, afin de sensibiliser au mieux les pouvoirs publics :
₋ Se mettre d’accord : Un plaidoyer est d’autant plus persuasif que tous les membres qui le portent ont développé une vision commune de ce qu’ils entendent par « Economie Sociale et Solidaire » ;
₋ Légitimer : Certaines structures doivent être désignées pour porter plaidoyer ;
₋ Se constituer en réseau : L’union fait la force, et celle-ci doit se faire à toutes les échelles : locale, régionale, nationale ;
₋ Usage avant la norme : Il ne faut pas attendre que la loi soit statuée pour pratiquer l’ESS ;
₋ Valoriser : Pas de plaidoyer pertinent sans insister sur l’importance de l’ESS (par exemple, 10% de l’emploi salarié en France), afin de « ne pas laisser le choix » aux pouvoirs publics que de l’institutionnaliser

S’inscrire dans des logiques de réseaux

Deux étapes ont déjà été franchis dans le plaidoyer qu’entend porter le projet JPA en Mauritanie, puisque plusieurs structures, dont l’Organisation Internationale du Travail, ont accepté de se constituer en réseau ; et que tous se sont tous accordés sur une vision commune de l’ESS.
Pour autant, ce ne sont là que les prémisses, la Mauritanie restant en retard par rapport aux autres pays de la sous-région quant àla valorisation de l’ESS. La preuve en est qu’elle n’est pas présente au sein du Réseau Africain de l’Economie Sociale et Solidaire (RAESS), qui est né en 2010 sous l’initiative de 25 organisations de la société civile du continent, et qui réunit en son sein 21 pays (Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Bénin, Côté d’Ivoire, Burkina Faso, Cameroun, Togo, Sénégal, Mali, Niger, CPC, IPD, Guinée, Guinée Equatoriale, Iles Maurice, Ethiopie, République Démocratique du Congo, Cap-Vert).


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